Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/143

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donc en Moi que son âme exulte, sous l’influence de cette lumière et de ce sentiment. Il a aussi un avant-goût, il reçoit les arrhes du bonheur tout proche, comme je te l’ai expliqué en un autre endroit.

Ainsi donc, l’un, le juste, qui a vécu dans la plus ardente charité, surabonde de joie, pendant que l’autre, le criminel, l’être de ténèbres, est abîmé dans la douleur. Le juste n’est point ébranlé par la vue des démons ni par leur suggestion, il n’en a pas peur ; parce qu’il ne craint qu’une chose au monde, une seule chose le peut faire souffrir, le péché. Mais ceux qui ont passé leur vie dans la débauche et dans le désordre, ceux-là, oui, ont peur des démons et leur vue leur est un supplice. Ils ne peuvent cependant, être précipités par eux dans le désespoir, s’ils ne le veulent, mais il leur faut subir, comme un châtiment, leurs reproches, le réveil de la conscience, la crainte et l’épouvante de leur affreuse présence.

Vois donc, très chère fille, quelle différence pour le juste et pour le pécheur, dans cette peine de la mort, et dans les assauts qu’ils ont à soutenir ! Quelle différence aussi dans leur fin ! Je ne t’en ai raconté qu’une toute petite partie. Ce que j’en ai dévoilé au regard de ton intelligence, est si peu de chose auprès de la réalité, que ce que je t’ai exposé de la souffrance de l’un et du bonheur de l’autre, n’est pour ainsi dire rien.

Quel n’est pas l’aveuglement de l’homme, et en particulier de ces malheureux ! Plus ils reçurent de