Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/202

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nom et l’amour de leur prochain. Aussi toujours occupés du salut de leurs frères, ils s’efforcent d’apaiser ma colère et de lier les mains de ma divine justice, sans cesse provoquée par l’iniquité des hommes qui mériteraient de tomber sous ses coups. Ils me font ainsi violence à moi-même, par leurs larmes, par leurs humbles et continuelles prières. Et qui donc les fait crier vers moi, sinon ma providence qui pourvoit ainsi à la détresse de ce mort ? Car il a été dit que je veux non la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive.

Sois tout amour pour mn providence, ma fille. si tu veux seulement ouvrir les yeux, ceux de ton esprit et ceux de ton corps, tu verras des hommes criminels plongés dans cette affreuse misère. Privés de ma lumière, la corruption de la mort dans leur âme, êtres d’obscurité et de ténèbres, ils vont chantant et riant, prodiguant leur temps dans la vanité, dans les plaisirs, dans la basse débauche. Manger, boire, jouir, voilà toute leur vie : leur Dieu c’est leur ventre. Hors de là ils n’ont que haine, rancœur, orgueil, et mille autres vices dont je t’ai parlé. Et ils n’ont pas conscience de leur état ! S’ils ne changent pas de vie, ils sont dans le chemin, qui mène tout droit a la mort éternelle, et ils y vont en chantant !

N’estimerait-on pas grande sottise, extravagante folie, le fait d’un condamné à mort qui irai ! à l’échafaud, en chantant et dansant, et en donnant des signes d’allégresse ? Oui, assurément. Et c’est la folie de ces malheureux, folie d’autant plus grande