Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/203

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que sans comparaison aucune, ils éprouvent plus de dommage incontestablement de la perte de leur âme que ceux-là de la mort de leur corps. Ils perdent la vie de la grâce, ceux-là la vie corporelle ; par l’éternelle damnation ils subissent une peine infinie, ceux-là, une peine finie. Et ils y courent, et ils chantent ! O deux fois aveugles, insensés et fous au-dessus de toute sottise !

Cependant mes serviteurs sont dans les larmes, leur corps est dans l’affliction, leur cœur en souffrance. Veilles, prières incessantes, soupirs, gémissements, macérations, ils acceptent tout, ils affrontent tout, pour le salut de ces pécheurs qui, de leur côté, les tournent en dérision. Mais leurs railleries retombent sur leurs tètes, et le châtiment de la faute revient toujours à celui qui l’a commise, tandis que la récompense de tous les labeurs, supportés pour l’amour de moi, fait retour à celui à qui ma bonté a fait la grâce de la mériter. Car moi votre Dieu, je suis le Dieu juste, je rendrai a chacun selon ses œuvres.

les serviteurs ne se laissent pas décourager par les moqueries, par les persécutions et les ingratitudes de ces malheureux : ils n’en prient pour eux qu’avec plus de zèle et plus de ferveur. Et qui donc les excite ainsi à frapper à la porte de ma miséricorde ? Qui ? sinon encore ma providence, attentive à procurer le salut de ces misérables, et qui, dans ce but, grandit la vertu et attise le feu de la charité dans l’âme de mes serviteurs ? Infinies en vérité, les ressources providentielles ménagées par moi à