Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/224

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Cette vérité tu l’expérimentes en toi-même, et tu la peux observer dans mes serviteurs. Si lourd est le poids de ces âmes qu’ils enferment dans le filet de leur saint désir, qu’ils crient au secours ; ils voudraient que toutes les créatures raisonnables accourussent à leur aide, et vinssent prêter à leur propre insuffisance l’assistance de leur humilité. Voilà pourquoi je t’ai dit qu’ils faisaient appel à l’humilité et à la charité du prochain pour les aider à retirer ces poissons, qui se trouvent pris en grande abondance, bien que plusieurs s’en échappent par leur propre faute et ne demeurent pas enfermés dans le filet. Le filet du saint désir les a bien tous pris, puisque l’âme affamée de mon honneur ne se contente pas d’une partie, mais veut y englober tous les hommes.

Elle veut les bons, pour qu’ils l’aident dans cette pêche à faire entrer les poissons dans le filet, et que par cette œuvre ils se conservent dans le bien et avancent dans la perfection ; les imparfaits, elle voudrait qu’ils devinssent parfaits, et les mauvais, elle désire les voir devenir bons. Les infidèles plongés dans les ténèbres, elle souhaite qu’ils parviennent à la lumière du saint baptême. Elle les veut tous, quels que soient leur état, leur condition, parce qu en moi elle les voit tous, créés par ma bonté à l’amour de feu, et rachetés par le sang du Christ crucifié, mon Fils unique. Tous sont donc pris dans le filet de son saint désir : mais beaucoup s’en échappent, comme je te l’ai dit, qui se privent de la grâce par leur faute, ou qui, comme les infidèles