Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/310

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moindre observation qui lui sera faite le mettront hors de lui-même. C’est alors qu’on lui voit produire ce fruit vénéneux de l’impatience, ces paroles de colère et de haine contre son frère, attribuant à la malveillance ce que celui-ci n’a fait que pour son bien. Tout lui est ainsi une occasion de scandale, tout concourt à lui faire une vie de tristesse, et pour l’âme et pour le corps. Et pourquoi donc tout ce dépit, pour un mot de son frère ? Pourquoi ? parce qu’il a pour lui-même trop de sensuelle complaisance.

Il fuit sa cellule comme la peste. Il a commencé par déserter cette cellule intérieure de la connaissance de soi-même. C’est ce premier abandon qui l’a conduit à la désobéissance, et il ne peut maintenant demeurer dans sa cellule extérieure. On ne le voit guère au réfectoire : il l’évite comme un ennemi personnel, tant qu’il a de quoi suffire à sa propre dépense ; quand il est à court, c’est la nécessité qui l’y amène.

Oh ! combien plus avisés ces obéissants, qui ont voulu observer leur vœu de pauvreté, et ne rien avoir pour leur entretien, afin de demeurer fidèles toujours à cette douce table commune où, dans la paix et la tranquillité, ils trouvent tout à la fois le pain de l’âme et celui du corps. Ils n’ont point le constant souci de chercher à se procurer des mets à leur goût, comme le malheureux qui fuit le réfectoire, parce qu’il n’y trouve rien que d’amer.

Au chœur, il est toujours le dernier entré et le premier sorti. si ses lèvres disent qu’il est près de