Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/311

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moi, son cœur est demeuré très loin. Le chapitre, il l’évite volontiers et tant qu’il peut, par peur des pénitences qu’on y donne ; quand il ne peut faire autrement que de s’y trouver, il aimerait autant rencontrer son ennemi mortel ; il a l’esprit troublé, il y éprouve une honte qu’il n’a pas eue, certes, pour enfreindre les observances, et qu’il n’a pas même de commettre le péché mortel. La raison ? la désobéissance ! Il ne connaît pas les saintes veilles de la prière. Il néglige non seulement l’oraison mentale, mais encore, maintes fois, il omettra de dire l’Office qu’il est cependant tenu de réciter. Chez lui, point de charité fraternelle : il n’aime que lui seul, et encore d’un amour bestial où la raison n’a point de part. Si grands sont les maux, si amers les fruits qui tombent sur la tête du désobéissant que la langue humaine ne les saurait dire !

O désobéissance, qui dépouilles l’âme de toute vertu pour la revêtir de tous les vices ! O désobéissance, qui prives l’âme de la lumière de l’obéissance ! Tu lui ôtes la paix pour lui laisser la guerre, tu lui prends la vie pour lui donner la mort ! Tu la jettes hors de la barque des observances de l’Ordre, tu la précipites dans la mer, où elle doit nager seule, à la force des bras, sans l’appui de ceux de la religion ! Tu la couvres de toutes les misères, tu la fais mourir de faim, en la privant du mérite de l’obéissance, qui doit être sa nourriture. Continuellement tu l’abreuves d’amertume, tu lui retires toute consolation, tu la sèvres de toute douceur, tu