Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/53

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ou de se voir enlever leur prélature ! — Et ils se taisent.

O les aveugles, qui ne savent pas comment l’on se maintient dans son état ! Ils ne voient pas que la grande force de conservation, c’est la sainte justice Comme ils s’emploieraient à la faire observer s’ils le savaient comprendre ! Mais ils semblent bien l’ignorer, privés qu’ils sont de la lumière.

C’est par l’injustice qu’ils croient se conserver, en ne reprenant pas les manquements de leurs sujets. Mais aussi, c’est leur propre passion sensitive qui les abuse, c’est l’ambition du pouvoir, c’est le désir de la Prélature ; et c’est encore qu’ils sentent en eux les mêmes vices, ou de plus grands encore. Comment, dès lors, les reprendre dans les autres ? La conscience de leur propre faute leur ôte le courage et la fermeté qui leur seraient nécessaires : elle les livre à la crainte servile, et ils font semblant de ne pas voir. Ne peuvent-ils fermer les yeux, ils se laissent encore arrêter, dans le devoir de la réprimande, par les paroles flatteuses, par les nombreux présents. Dès lors, ils trouvent d’eux-mêmes mille excuses pour ne pas sévir. Ils n’ont fait pourtant que réaliser la parole de ma Vérité Ce sont des aveugles conduisant des aveugles. Quand un aveugle en conduit un autre, c’est bus les deux à la fois qu’ils tombent dans le fossé 4 (Mt 15, 14).

Certes, ce n’est pas ainsi que faisaient, — et que font encore aujourd’hui, s’il en reste quelques-uns,