Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/60

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avaient pour les pécheurs était tel, qu’ils avaient plus de peine de la pénitence qu’ils imposaient, que ceux-là mêmes qui la recevaient ; parfois même, ils l’accomplissaient réellement, surtout s’ils s’apercevaient qu’elle répugnait trop au pénitent. Par ce moyen la rigueur était changée en douceur.

O mes bien-aimés De prélats qu’ils étaient, ils se faisaient sujets ! Eux les seigneurs, ils se faisaient serviteurs. Ils se faisaient infirmes, eux qui étaient sains, exempts d’infirmités, purs dela lèpre du péché mortel. Forts ils étaient, et ils se faisaient débiles. Ils se faisaient simples, avec les simples et les idiots, petits avec les petits, et ils savaient ainsi, par humilité et charité, se proportionner à tous et fournir à chacun la nourriture dont il avait besoin.

Qui donc les faisait agir de la sorte ? La faim et le désir qu’ils avaient conçu en moi, de mon honneur et du salut des âmes. Ils accouraient à la table de la très sainte Croix pour y manger cet aliment ils ne fuyaient aucun labeur, ils ne refusaient aucune fatigue. Pleins de zèle pour les âmes, pour le bien de la sainte Église, pour l’expansion de la sainte Foi, ils se jetaient d’eux-mêmes au milieu des épines de la tribulation, et s’exposaient à tous les périls avec une véritable patience, faisant monter vers moi, l’encens parfumé de leurs désirs pleins d’angoisse et de leur humble et continuelle prière. Ils oignaient de leurs larmes et de leurs sueurs les plaies du prochain, ces plaies du péché mortel, et rendaient aux pécheurs la santé parfaite, si ceux-ci recevaient humblement ce précieux baume.