Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/89

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se rencontrer avec lui, à la pauvre table du réfectoire. Son plaisir est de demeurer là où il peut, tout à l’aise, s’emplir de viande, et satisfaire sa gourmandise.

Impossible à un pareil religieux, d’observer le troisième vœu de la continence. Un estomac bien rempli ne fait pas l’âme chaste ! Il devient lascif, il éprouve des mouvements désordonnés, et, ainsi, un mal en amène un autre. Leur richesse personnelle est aussi, pour ces religieux, une occasion de beaucoup de chutes. S’ils n’avaient pas de quoi suffire à leur dépense, ils ne vivraient pas ainsi dans le désordre, ils n’entretiendraient pas ces amitiés suspectes. Quand on n’a plus rien à donner, c’en est tôt fait de l’affection ou de l’amitié qui ne sont pas fondées sur la parfaite charité, mais uniquement sur l’amour du don, ou sur le plaisir que l’on peut tirer l’un de l’autre.

Oh ! les malheureux ! en quelle misère ils sont tombés, par leur faute ; et à quelle dignité, pourtant, ne les avais-je pas élevés ! Le chœur, ils le fuient comme la peste, et si, par hasard, ils y assistent, ils n’y mêlent que leur voix, leur cœur est loin de moi. A la table de l’autel, ils ont pris l’habitude d’aller sans préparation aucune, comme ils iraient à une table ordinaire.

Tous ces maux, et bien d’autres que je veux te taire, pour ne pas souiller tes oreilles, viennent de la négligence des mauvais pasteurs, qui ne corrigent pas, qui ne punissent pas les manquements de leurs sujets. Ils ne se soucient pas de la règle, ils n’ont