Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/98

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que ta cupidité te rend si avare, de ce que mon Fils a acquis sur la croix ! Toi, ministre du Sang, par un don de lui, tu t’es si criminellement approprié ce trésor, que tu vends, maintenant, la grâce du Saint-Esprit, aux âmes que le Christ a rachetées lui-même, avec un si pur amour ! Ce que tu as reçu gratuitement, tu veux qu’on te le paie, quand on te le demande. Ton avidité ne te porte point, à faire ta nourriture des âmes, pour l’honneur de Moi c’est l’argent qu’elle dévore ! Ta charité est devenue si serrée, dans la dispensation de ce que tu as reçu avec tant de largesse, qu’évidemment, je ne suis pas en toi par la grâce, ni le prochain par l’amour. Les biens temporels que l’on te donne, à cause de ce Sang, c’est largement encore que tu les reçois, et d’eux encore, pauvre avare, tu ne sais pas être bon, pour d’autres que pour toi ! Larron que tu es, voleur digne de la mort éternelle, tu dérobes encore le bien des pauvres et de la sainte Église ; tu l’emploies a tes dépenses ; tu le dissipes avec des femmes, avec des hommes sans mœurs ; tu en enrichis ta parenté. Avec ce bien des pauvres et de l’Église, tu te procures toutes tes aises, et prépares un établissement à tes fils.

O malheureux ! Où sont donc ces fils des vraies et douces vertus que tu devais avoir ? Où donc, cette charité ardente que tu devais répandre ? Où, ce zèle dévorant de mon honneur et du salut des âmes ? Où, cette douleur crucifiante, que tu devais ressentir, à la vue du loup infernal qui te ravissait tes brebis ? Plus rien ! En ton cœur étroit, il n’y a plus de place,