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DE LA NOUVELLE-FRANCE

qu’ils pussent être desservis plus facilement par les prêtres ; pour que « la résidence d’un juge au milieu d’un, de deux ou trois villages, » leur rendît la justice plus accessible ; pour qu’ils fussent plus promptement secourus par un seul et même chirurgien qui veillerait à la conservation de deux ou trois communautés ; pour qu’un pâtre commun pût surveiller les bestiaux d’un grand nombre d’habitations. Eu égard à tous ces motifs, et à plusieurs autres « qu’il serait inutile de déduire, » il importait, suivant Talon, de « planter » ces villages autant que possible dans le voisinage de Québec. La ville et les villages se donneraient ainsi un mutuel secours, ceux-ci fournissant à celle-là leurs productions, telles que bois, blé, légumes, herbages, bestiaux, volailles, œufs, beurre, fromage « et autres denrées nécessaires à la vie, et si rares à Québec qu’elles s’y vendent excessivement ; » et celle-là leur fournissant en retour les marchandises telles que « les étoffes, toiles, souliers et autres qui viennent de France pour l’usage des colons. » De plus, Québec et les bourgs avoisinants, en raison même de leur proximité, pourraient plus avantageusement se défendre contre les attaques des Iroquois ou contre une invasion européenne. Enfin cette même proximité bénéficierait beaucoup aux habitants des villages au point de vue de l’instruction spirituelle et temporelle.

Mais quel plan devait-on suivre pour la formation de ces bourgs ? « Après avoir reconnu qu’il importe de les planter près de Québec, répondait Talon, il faut convenir que leur forme devant se prendre de la nature et situation du terrain, il n’est pas aisé de la déterminer, que cependant la ronde ou la carrée semble la plus commode