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DE LA NOUVELLE-FRANCE

Boston ; lorsque je suis parti toutes les lettres reçues de cette colonie étrangère marquaient la souhaiter ; et le major Chapeley, officier des troupes de cette nation, offrait de la commencer par toutes les étoffes des manufactures de Boston[1]. »

L’activité déployée par Talon lui valait l’approbation du roi et du ministre, et la reconnaissance de la population canadienne en général. Mais il n’était cependant pas à l’abri de toute critique. Quelques marchands se plaignaient qu’il nuisait à leur négoce par la grande abondance de denrées et de marchandises qu’il faisait venir de France, tant pour le service du roi que pour la commodité des habitants. M. Charles Aubert de la Chesnaye résumait leurs griefs avec beaucoup d’amertume, dans un mémoire rédigé par lui quelques années plus tard. « M. Talon, disait-il, ne voulait pas de compagnie et employa toutes sortes de moyens pour ruiner celles qu’il trouva établies. Il donna à entendre à M. Colbert que ce pays était trop grand pour être borné, qu’il en fallait faire sortir des flottes et des armées[2]. Ces desseins parurent trop étendus ; toutefois on lui applaudit, ce qui lui donna lieu d’établir un grand commerce et d’anéantir celui de la compagnie. M. Talon, désirant réunir le gouvernement avec l’intendance[3],

  1. Mémoire sur le Canada, par Talon, 1673 ; Collection de manuscrits, I, p. 243.
  2. — M. de la Chesnaye exagérait évidemment ; les projets de Talon n’étaient point aussi démesurés.
  3. — Nous avons vu que Talon empiétait parfois sur le rôle du gouverneur. Son secrétaire Patoulet informait Colbert, au mois de janvier 1672, que l’intendant désirait être ou rappelé ou laissé seul au Canada. L’observation de la Chesnaye avait donc quelque fondement.