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HISTOIRE

(1618) L’année suivante, le P. Jean de Sainte-Marthe, qui avait été commissaire des PP. de Saint-François, fut décapité à Méaco, coupé par morceaux et jeté à la voirie. Ce vertueux confesseur fit beaucoup de conversions dans sa prison et refusa les propositions du gouverneur, qui lui offrait les moyens de sortir du Japon. Le cruel Safioye avait déjà reçu le juste châtiment de tous les maux qu’il avait faits à l’Église. Il était mort à Sacai, et sa fin fut digne d’un tyran ; son sang se corrompit et le rendit infect à tel point que personne ne pouvait plus approcher de lui.

Le canton de Tsugaru, où nous avons vu qu’on avait exilé un grand nombre de personnes de distinction, se peuplait encore de jour en jour de chrétiens de tout âge et de tout sexe, qu’on y envoyait de toutes les provinces de l’empire, et leur ferveur croissait à mesure qu’ils se multipliaient. Trois PP. Jésuites, qui ont été tous trois martyrs, les secouraient spirituellement, au milieu de dangers et de fatigues incroyables. Presque tous ceux qui faisaient partie de cette glorieuse troupe finirent par signer leur foi de leur sang. À Nangazaqui, le feu de la persécution était attisé par deux apostats, nommés Antoine Toan et Jean Feizo. Ils firent brûler tout vifs un nombre considérable des chrétiens les plus distingués, ce qui