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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/401

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15e. — page 55.

Une longue nacelle, formée du seul tronc d’un pin.

Ces espèces de pirogues sont encore en usage sur les côtes de la Grèce : on les appelle d’un nom qui exprime leur espèce, monoxylon.


16e. — page 55.

Arcadiens ! qu’est devenu le temps où les Atrides étoient obligés de vous prêter des vaisseaux pour aller à Troie, et où vous preniez la rame d’Ulysse pour le van de la blonde Cérès ?

Homère, en faisant le dénombrement de l’armée des Grecs, dit qu’Agamemnon avoit fourni des vaisseaux aux Arcadiens pour les transporter à Troie, parce que ce peuple ignoroit l’art de la navigation (Iliade, ii). Ulysse, de retour dans sa patrie, raconte à Pénélope que ses travaux ne sont point encore finis ; que, l’aviron à la main, il doit parcourir la terre jusqu’à ce qu’il arrive chez un peuple auquel la mer soit inconnue. Ce peuple, en voyant la rame qu’Ulysse portera sur son épaule, doit s’écrier : Voilà le van de Cérès ! Ulysse terminera ses courses dans cet endroit, plantera son aviron en terre, et fera un sacrifice à Neptune. (Odyss., xviii.)

Cette histoire du van de Cérès a exercé tous les commentateurs. Quel lieu de la terre Homère a-t-il voulu indiquer par cette circonstance ? J’ai osé le fixer en Arcadie, et voici pourquoi :

Homère a déjà dit, comme on l’a vu, que les Arcadiens étoient si étrangers à la marine, qu’Agamemnon fut obligé de leur prêter des vaisseaux. On lit ensuite dans Pausanias ce passage remarquable : « Sur la cime du mont Borée (en Arcadie), on aperçoit quelques restes d’un vieux temple qu’Ulysse bâtit à Minerve et à Neptune, lorsqu’il fut enfin revenu de Troie. » (Pausanias, VIII, 44.) Que l’on rapproche ce passage de ceux de l’Iliade et de l’Odyssée cités plus haut, et l’on trouvera peut-être ma conjecture assez probable ; du moins elle pourra servir à expliquer un point d’antiquité très-curieux, jusqu’à ce qu’on ait rencontré plus juste.


17e. — page 56.

Je descends, par ma mère, de cette pieuse femme de Mégare qui enterra les os de Phocion sous son foyer.

« Ses ennemis (de Phocion) firent ordonner par le peuple que le corps de Phocion seroit exilé et porté hors du territoire de l’Attique, et qu’aucun des Athéniens ne donnerait du feu pour honorer d’un bûcher ses funérailles : c’est pourquoi aucun de ses amis n’osa seulement toucher à son corps. Mais un