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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 4.djvu/450

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12e. — page 120.

Un fantôme s’élance sur le seuil des portes inexorables : c’est la Mort.

Si l’on n’approuve pas cette peinture de la mort, du moins elle a pour elle la nouveauté. Le portrait de la Mort, dans Milton, est mêlé de sublime st d’horrible, et ne ressemble en rien à celui-ci.

The other shape,
If shape it might be call’d that shape had none
Distinguishable in member, joint, or limb,
Or substance might be call’d that shadow seem’d,
For each seem’d either ; black it stood as Night,
Fierce as ten Furies, terrible as Hell,
And shook a dreadful dart ; what seem’d his head,
The likeness of a kingly crown had on.

(Parad. lost., ii, 666.)


13e. — page 120.

C’est le Crime qui ouvre les portes.

Dans le Paradis perdu, le Péché et la Mort veillent aux portes de l’enfer, qu’ils ont ouvertes ; mais ces portes ne se referment plus.


14e. — page 120.

Des nuées arides.

Nubes arida.(Virg.)


15e. — page 120.

Qui pourroit peindre l’horreur.

Je ne me suis point appesanti sur les tourments trop bien et trop longuement décrits par le Dante. On n’a pas remarqué ce qui distingue essentiellement l’enfer du Dante de celui de Milton : l’enfer de Milton est un enfer avant la chute de l’homme, il ne s’y trouve encore que les anges rebelles ; l’enfer du Dante engloutit la postérité malheureuse de l’homme tombé.


16e. — page 121.

Il rit des lamentations du pauvre.

Je suis, je crois, le premier auteur qui ait osé mettre le pauvre aux enfers. Avant la révolution, je n’aurois pas eu cette idée. Au reste, on a loué cette justice. Si Satan prêche ici une très-bonne morale, rien ne blesse la conve-