Page:Chatelain - Beautés de la poésie anglaise, tome 1, 1860.djvu/175

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Insouciant de son destin,
Chacun d’eux folâtre à merveille,
Sans plus penser au lendemain
Qu’il ne pense encore à la veille ;
Autour d’eux voyez cependant
Comme tournoie en les guettant
Du malheur la noire cohorte !
Ah ! faites-leur voir le danger,
Afin que s’il frappe à leur porte
Ils se gardent de l’héberger.

Poursuivis par d’affreux vautours,
Par leurs passions furibondes,
Tous ils seront dans quelques jours
En proie à leurs luttes immondes ;
Aux uns la Colère et la Peur,
Et la Honte plus qu’un malheur ;
À d’autres l’Envie implacable
Qui grignote le fond du cœur,
Ou la Jalousie effroyable
Qui fait joujou de la douleur.

Ceux-ci mus par l’Ambition
Hissés sur les ailes d’Icare,
Iront chercher l’ovation
Pour retomber dans le Ténare ;
Ceux-là boiront l’amer mépris
Dans le troupeau des incompris ;
Victimes de l’Ingratitude
D’autres souffriront mille morts ;
Riant d’un rire fauve et rude.
D’autres plieront sous le remords.

Regardez ! dans le vol des ans
En bas, est une troupe affreuse,
La mort groupe sur ces divans
Toute sa famille hideuse :