Page:Chatelain - Beautés de la poésie anglaise, tome 1, 1860.djvu/37

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Quand le Guerrier clot la paupière,
On voit a l’entour du cercueil,
En foule se pressant ses compagnons de guerre,
Suivre à pas lents le pompeux char de deuil.
Les tambours sont voilée—de sa voix de tonnerre
Le canon gronde sourdement,
Près de l’illustre mort s’incline sa bannière,
Et son noble coursier suit le deuil tristement.

Parmi les premiers de la terre
Du Sage est placé le tombeau,
Au Barde, à l’Écrivain, au Poète, au Trouvère
On donne aussi le marbre le plus beau
Qu’on adosse au transept de la plus belle église
Sous des écussons blasonnés,
Où les riches reflets que le soleil tamise
Descendent glorieux sur leurs traits burinés.

Nul ne fut qui ceignit l’épée
Si grand et si fameux que lui,
Nul n’écrivit jamais plus divine épopée,
Nul du Seigneur ne fut plus ferme appui :
Et jamais, non jamais un enfant de la terre
Ne traça de sa plume d’or,
Sur la page immortelle, et ce, dans aucune ère,
D’augustes vérités un plus riche trésor.

De combien de grandeurs étranges
N’est-il pas témoin ce convoi ?
Sur son lit de parade est veillé par des anges
L’illustre mort ; son unique paroi,
C’est le versant du mont ; de plus il a pour cierges
Les mille et un flambeaux du ciel,
Pour plumes des sapins les branches toujours vierges,
Et puis la main de Dieu sur lui mettant son scel.