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CHAPITRE IV.

bourgeois de Dourdan — burgentes de Dordano — et le chapitre de Saint-Chéron un long différend au sujet de la dîme de toutes les vignes situées « dans la paroisse Saint-Germain, » qui n’avait point encore été payée et que les chanoines réclamaient d’après leur droit paroissial. L’affaire avait été longtemps débattue, — causa diutius agitata ; — enfin, grâce à la médiation de gens de bien, une composition et paix à l’amiable se fait par-devant trois chanoines de Chartres, juges délégués à cet effet, et les parties signent l’obligation (cyrographum) suivante : les bourgeois de Dourdan et leurs héritiers rendront annuellement, au temps de la vendange, à la réquisition des chanoines, par chaque arpent de vigne, quatre setiers de vin de cuve, pressé au pied (pede pressi), à la mesure actuelle du pays, sans augmentation ou diminution, suivant la récolte. Les vignes ne rendront rien avant la cinquième année de leur plantation. Si les chanoines se défient de la probité des détenteurs, ils pourront exiger le serment une fois et devront s’en contenter[1].

En 1217, par-devant deux chanoines de Paris, juges délégués par le pape, est signée, à la demande des parties, une transaction entre l’abbé de Saint-Chéron et le curé des Granges, « au sujet des dîmes des vignes et menues dîmes possédées à Dourdan par ce dernier. » Le procureur de Saint-Chéron revendique pour le couvent ces dîmes au nom du droit paroissial, et le curé des Granges, Barthélemi Jorri, après preuve et délibération, se décide à reconnaître qu’il rendra chaque année de bonne foi au couvent la dîme des vignes. Quant aux menues dîmes, tant qu’il vivra, il les recueillera au nom du monastère et, en reconnaissance, il devra, au jour de la collecte des dîmes, 2 deniers. Après son décès, les dîmes reviendront intégralement au monastère.

En mars 1213, une donation de l’évêque de Chartres, Renaud, aux frères de Louye devient l’origine d’un interminable procès entre Saint-Chéron et Louye. Renaud, ayant acheté « quelques dîmes menues et grosses sur les paroisses de Dourdan et des Granges » de Robert de Guillerville (de Willervilla), avec l’assentiment et mainlevée des personnages dont relevaient les terres, entre autres Hugues de Marchais (de Marchesio), les donne en pure et perpétuelle aumône aux frères de Louye[2].

Malheureusement, l’évêque mal informé donnait ce qui appartenait à un autre : le vendeur, Robert de Guillerville, détenait injustement lesdites dîmes au préjudice des chanoines de Saint-Chéron, et ceux-ci s’étaient empressés de former opposition. En conséquence, délégation de l’abbé de Saint-Victor et du prieur de Sainte-Geneviève de Paris, — premier décret du doyen de Rochefort donnant raison à Saint-Chéron et demeuré sans exécution. — Au bout d’un an, second décret du

  1. Voir pièce justificative V.
  2. Pièce justificative VI.