Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que ceux de Job. Vous n’aviez pas appris déjà, étant à table, la ruine de votre maison et une longue suite de désastres. Mais c’était votre enfant chéri. Vous ne l’aimiez pas plus que Jacob n’aimait son fils, lorsqu’il apprit qu’il avait été dévoré par les bêtes féroces. Et pourtant il supporta son malheur, et les nouveaux malheurs qui vinrent encore le frapper. Le père pleura, mais il ne se conduisit pas en impie. Il se lamenta, mais il ne perdit pas sa résignation et se borna à dire : « Joseph n’est plus, Siméon n’est plus, Benjamin n’est plus ; tous les malheurs sont venus fondre sur moi ». (Gen. 42,36) Voyez-vous comme la voix impérieuse du besoin le força à exposer ses fils, tandis que la crainte de Dieu n’a pas sur vous autant d’empire que la faim ? Pleurez, je vous le permets, pleurez ; mais pas de blasphèmes. Votre fils, quel qu’il fût, ne pouvait être comparé à Abel, et pourtant Adam n’a rien dit qui ressemblât à un blasphème. Quoi de plus grave en effet qu’un fratricide ? Mais ce fratricide m’en rappelle d’autres. Ainsi Absalon ne tua-t-il pas Ammon son frère aîné ? (2Sa. 13) Le roi David aimait son enfant, et le souverain était là étendu sur la cendre. Mais il ne fit venir ni devin ni enchanteur. II y en avait cependant alors, et l’exemple de Saül nous le fait bien voir. Mais David se bornait à supplier Dieu. Imitez-le ; imitez ce juste ; dites, comme lui, quand votre enfant est mort : Il ne viendra pas à moi, mais j’irai à lui ; voilà de la sagesse ! Voilà de l’attachement ! Vous avez beau aimer votre enfant, vous ne l’aimez pas autant que David aimait son fils, quoique ce fils fût le fruit de l’adultère. Mais David pensait à la mère de ce fils, et vous le savez, l’affection que l’on a pour les parents, rejaillit sur les enfants. Or David avait tant d’affection pour ce fils, qu’il tenait à lui, bien qu’il fût pour lui un reproche vivant. Eh bien ! tout cela n’empêcha point David de rendre grâces à Dieu.
Quelle ne fut pas, croyez-vous, la douleur de Rébecca, lorsqu’elle vit Jacob menacé par son frère ? Pourtant elle ne voulut pas faire de chagrin à son mari, et fit partir son fils. Quand voles avez une affliction, songez à des afflictions plus grandes et vous serez consolé. Dites-vous à vous-même : Et si mon fils était mort sur le champ de bataille ? Et s’il avait péri dans un incendie ? Songeons à des malheurs plus graves que les nôtres, et nous serons consolés. Quels que soient nos malheurs, jetons nos regards sur ceux qui sont plus malheureux que nous. C’est ainsi que Paul exhorte ses auditeurs, quand il leur dit : « Dans vos luttes contre le péché, vous n’avez pas encore combattu jusqu’au sang ». (Héb. 12,4) Et ailleurs : « Vous n’avez encore eu que des tentations humaines ». Ayons donc les yeux fixés sur les infortunes qui surpassent les nôtres : nous en trouverons toujours, et de cette manière nous serons reconnaissants. Avant tout et en toutes choses, rendons grâces à Dieu ! C’est le moyen de nous calmer, c’est le moyen de vivre pour honorer Dieu et d’obtenir les biens qui nous sont promis. Puissions-nous les acquérir par la grâce et la bonté, etc.

HOMÉLIE IX.


QUE LA PAROLE DU CHRIST HABITE EN VOUS ET REMPLISSE VOS ÂMES INSTRUISEZ-VOUS EN TOUTE SAGESSE ET EXHORTEZ-VOUS PAR DES PSAUMES, PAR DES HYMNES, PAR DES CANTIQUES SPIRITUELS, CHANTANT DE CŒUR AVEC ÉDIFICATION LES LOUANGES DU SEIGNEUR. QUOI QUE VOUS FASSIEZ, EN PARLANT OU EN AGISSANT, FAITES TOUT AU NOM DE JÉSUS-CHRIST, NOTRE SEIGNEUR, RENDANT GRÂCES PAR LUI A DIEU LE PÈRE ! (CH. 3,16, 17)

Analyse.

  • 1. Comment faut-il témoigner à Dieu sa reconnaissance ? Il faut lire les saintes
  • 2. Les psaumes sont un beau livre de morale.
  • 3. Toujours parler, toujours agir au nom de Jésus-Christ Notre-Seigneur.

Écritures, et se résigner dans le malheur.
1. Après leur avoir persuadé qu’ils devaient se montrer reconnaissants envers Dieu, il leur montre le moyen qu’ils doivent employer pour cela. Quel est ce moyen ? C’est celui dont nous nous sommes d’abord entretenus. Et que dit l’apôtre ? « Que la parole du Christ demeure