Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/508

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l’esprit de pénitence, pour la leur faire connaître, et qu’ainsi ils sortiront des pièges du démon qui les tient captifs, pour en faire ce qu’il lui plaît ». (2Tim. 2,25-26) « Dans l’espoir ». Quelle patience sublime exprimée parce seul mot ! Faisons donc ainsi et ne désespérons de personne. Les pécheurs jettent souvent leurs filets à la mer, sans rien prendre ; mais s’ils persévèrent, ils finissent par faire une bonne pêche. C’est pourquoi nous aussi nous ne désespérons pas et nous attendons que nos instructions portent leurs fruits et que ces fruits mûrissent dans vos âmes. Quand le laboureur a semé, il attend un jour, deux jours, bien des jours encore ; puis tout à coup il voit de toutes parts germer la moisson. Cette moisson, nous l’attendons comme lui et nous la recueillerons dans vos âmes, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, auquel conjointement avec le Père et le Saint-Esprit, gloire, honneur et puissance, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Traduit par M. BAISSEY.

HOMÉLIE XI.


CAR DIEU, DANS LA PROMESSE QU’IL FIT A ABRAHAM, N’AYANT POINT DE PLUS GRAND QUE LUI PAR QUI IL PUT JURER, JURA PAR LUI-MÊME. (VI, 13, JUSQU’À 19)

Analyse.

  • 1 et 2. Abraham est cité comme type de l’espérance chrétienne. – Il a vu se réaliser certaines promesses dans le temps ; il a attendu la réalisation des autres dans une vie meilleure. – La promesse de Dieu est appuyée de son serment. – Le Père et le Fils s’abaissent à nos usages pour exciter notre foi et notre espérance. – L’espérance est une ancre solide, et Jésus est notre précurseur au ciel.
  • 3 et 4. Le sacrifice que Dieu demande est, avant tout, celui du cœur et l’offrande de la vertu. – Bien noble est aussi le sacrifice du corps, le martyre volontaire de la pénitence. – Le sacrifice de l’argent par l’aumône complète notre holocauste. – Ayons l’intelligence du pauvre. – Vaines excuses pour ne pas donner ; reproches cruels faits aux pauvres. – La malignité accuse même les moines mendiants.


1. L’apôtre avait commencé par remuer fortement, par effrayer saintement, ses chers Hébreux. Maintenant il leur donne une double consolation la louange d’abord, et bientôt, ce qui est plus encourageant encore, l’assurance certaine de posséder un jour ces biens qui font l’objet de leur espérance. Et cette consolation il la tire non du présent, mais encore une fois du passé : ce qui était plus persuasif pour eux. De même que pour les effrayer davantage, il leur a fait envisager le châtiment à venir, de même, pour mieux les consoler maintenant, il leur fait entrevoir les récompenses futures. Il montre aussi que la conduite ordinaire de Dieu est non pas de réaliser sur-le-champ ses promesses, mais de les ajourner au contraire longtemps. Et ce plan divin révèle deux intentions : Dieu veut d’abord nous donner ainsi une preuve dé sa grande puissance, puis nous exciter à la confiance en lui, afin que vivant au sein des tribulations sans recevoir encore les récompenses promises, nous soyons engagés à ne point défaillir à la peine. Oubliant tous les autres modèles en ce genre, bien qu’il en ait beaucoup, saint Paul met en scène Abraham, tant à cause de la dignité de ce grand homme, que parce que, plus que personne, il a ici donné l’exemple. Il avoue, cependant, à la fin de son épître, que tous les élus de l’Ancien Testament dont il rappelle la mémoire, après avoir contemplé et embrassé de loin tes promesses, ne les ont pas reçues toutefois ; Dieu n’ayant pas voulu qu’ils fussent couronnés sans nous.
« Car Dieu, dans la promesse qu’il fit à Abraham, n’ayant point de plus grand que lui-même par qui il pût jurer, jura par lui-même, et lui dit ensuite : Soyez assuré que je vous comblerai de mes bénédictions et que je multiplierai votre race à l’infini ; et ayant ainsi attendu avec patience, il a obtenu l’effet de ses promesses (13-15) ». Comment donc l’apôtre, à latin de cette épître, avance-t-il qu’Abraham même ne reçut point l’accomplissement des promesses, tandis qu’ici, selon lui, sa longue patience lui en obtint l’effet ? En quel sens n’a-t-il pas reçu ? En quel sens a-t-il obtenu ? – C’est qu’il ne s’agit pas des mêmes promesses et récompenses dans les deux passages. Abraham a été, lui, doublement couronné. Des promesses lui ont été faites. Les premières, celles dont il s’agit ici, se réalisèrent dans sa vie après un long délai, mais non pas les secondes ; celles-ci regardent un autre avenir ; dans les deux cas, au reste, sa longue patience lui en valut l’accomplissement. Voyez-vous que la promesse à elle seule n’a pas tout fait, mais qu’il fallut encore une longue patience ? Cette réflexion de l’apôtre est faite pour inspirer aux Hébreux la terreur, en leur apprenant que souvent la promesse se brise contre une honteuse pusillanimité. Et il le prouve par l’histoire de son peuple. C’est par le fait de leur étroitesse de cœur que les Israélites n’ont pas atteint le but de la promesse ; Abraham lai sert à montrer tout l’opposé. Quant aux paroles qui terminent son écrit, elles nous apprennent que ceux mêmes dont la longue patience n’a pas été couronnée par le succès, ne se sont pas pour cela découragés.