par quelle impulsion et avec quelle rapidité ils volent sans cesse dans l’espace immense : prête ton attention à mes paroles.
La matière ne forme pas une masse immobile : ne voyons-nous pas tous les corps diminuer ou s’épuiser à la longue par des émanations continuelles, jusqu’à ce que le temps les dérobe à nos yeux ? Cependant la masse générale ne souffre point de ces pertes particulières : les éléments, en appauvrissant une partie, vont en enrichir une autre, et ne laissent d’un côté la décrépitude que pour porter ailleurs la fraicheur du jeune âge. Ainsi jamais ils ne se fixent ; l’univers se renouvelle tous les jours, les mortels se prêtent mutuellement la vie pour un moment. On voit des espèces se multiplier, d’autres s’épuiser : un court intervalle change les générations, et, comme aux courses des jeux sacrés, nous nous passons de main en main le flambeau de la vie.
Si tu penses que les principes de la matière puissent se reposer et par leur inaction donner lieu à de nouveaux mouvements, lu es loin de la vérité. Puisque les atomes se meurent dans le vide, il faut qu’ils obéissent à la direction de leur pesanteur ou à l’impulsion d’une cause étrangère ; en se précipitant des régions supérieures, ils rencontrent d’autres atomes qui les écartent de leur route ; effet très-naturel, puisqu’ils sont pesants, durs, solides, et que rien derrière eux ne les retient.
Mais pour te convaincre encore plus du mouvement général des atomes, rappelle-toi qu’il n’y a point dans l’univers de lieu inférieur où les corps arrivés s’arrêtent, parce que l’espace est infini et n’a de toutes parts d’autres bornes que l’immensité : c’est une vérité que j’ai établie sur des preuves certaines.
Ainsi les atomes ne se reposent jamais dans le vide : en proie à un mouvement continuel par sa nature et varié par ses directions, les uns sont renvoyés à une grande distance, les autres s’écartent moins et s’unissent sous le choc. Quand leur union est intime, leur répulsion peu considérable et leur tissu étroitement lié, ils servent de base aux rochers solides, au