La délibération est une suite de mouvements divers…
Le désir et la répugnance, quand la délibération n’intervient pas, s’appellent seulement aversion et désir. Quand la délibération a lieu, son dernier acte, si c’est un désir, c’est vouloir, et si c’est une répugnance, c’est ne vouloir pas ; de sorte que la volonté et le désir sont une seule et même chose, considérées sous des aspects différents.
Ce qui se passe dans l’homme, quand il veut, ne diffère point de ce qui se passe dans les autres animaux lorsqu’ils désirent, sauf la délibération.
La liberté de vouloir ou de ne vouloir pas n’est pas plus grande dans l’homme que dans les autres animaux. En effet, dans celui qui désire, la cause du désir le précède, en telle sorte que le désir ne peut pas ne pas suivre, c’est-à-dire qu’il suit nécessairement. Une liberté telle qu’elle soit libre de nécessité ne convient donc pas plus à la volonté des hommes qu’à celle des brutes[1].
L’amour de la gloire, ce sentiment intérieur de complaisance, ce triomphe de l’esprit, est une passion produite par l’imagination ou par la conception de notre propre pouvoir, que nous jugeons supérieur au pouvoir de celui avec lequel nous disputons ou nous nous comparons.
Le repentir est une passion produite par l’opinion ou la connaissance qu’une action qu’on a faite n’est point propre à conduire au but qu’on se propose ; son effet est de faire quitter la route que l’on suivait, afin d’en prendre une autre qui conduise à la fin que l’on envisage.
La pitié est l’imagination ou la fiction d’un malheur futur pour nous-mêmes, produite par le sentiment du malheur d’un autre.
Il y a une autre passion que l’on désigne sous le nom d’amour, mais que l’on doit plus proprement appeler bienveillance ou charité. Un homme ne peut pas avoir de plus grande preuve de son pouvoir que lorsqu’il se voit en état non-seulement d’accomplir ses propres désirs, mais encore d’assister les autres dans l’accomplissement des leurs[2].
Dans l’état de nature, il est permis à chacun de faire tout ce qui