Page:Cicéron - Des suprêmes biens et des suprêmes maux, traduction Guyau, 1875.djvu/44

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Mais, entre les recherches précieuses de la philosophie, en est-il de préférable à celle qui fait en particulier le sujet de ces livres, savoir quelle est la fin principale à laquelle il faut tout rapporter, et ce que la nature doit ou rechercher comme le plus grand des biens, ou éviter comme le plus grand des maux ? Les sentiments des plus savants hommes étant partagés sur cette question, puis-je regarder la recherche de la vérité la plus importante pour la conduite de toute la vie, comme une occupation qui ne réponde pas à l’opinion qu’on veut bien avoir de moi ? Quoi ! deux grands personnages de la république, P. Scévola et M. Manilius, auront consulté ensemble si l’enfant d’une esclave doit être regardé comme un fruit qui appartient au maître de l’esclave ? M. Brutus aura été là-dessus d’un avis différent du leur : et comme c’est une question de droit assez subtile, et qui est de quelque usage dans la société, on lira volontiers et leurs dissertations et d’autres du même genre ; et on négligera ce qui embrasse le cours entier de la vie ? Leurs études, si l’on veut, ont plus d’intérêt pour le vulgaire ; les nôtres sont plus fécondes. Il est vrai que c’est aux lecteurs à juger ; mais je puis toujours dire que je crois avoir développé ici toute la question sur les suprêmes biens et les suprêmes maux, et que, non content d’avoir exprimé mon opinion, j’ai rassemblé dans ce traité tout ce qu’ont dit sur ce point les différentes sectes philosophiques.