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Page:Cicéron - Des suprêmes biens et des suprêmes maux, traduction Guyau, 1875.djvu/63

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main ne se contenterait pas de ne point sentir de douleur, à moins qu’elle n’eût aussi quelque mouvement de volupté. Que si n’avoir nulle douleur est une très-grande volupté, comme Épicure le soutient : en premier lieu, Chrysippe, on a eu raison de dire que votre main, en la situation où elle est, ne désire rien ; mais ensuite on a eu tort de prétendre que, si la volupté était un bien, elle la désirerait ; car comment pourrait-elle désirer ce qu’elle a, puisque, se trouvant sans douleur, elle est dans la volupté ?


CHAPITRE XII.

NOUVEL ESSAI POUR DÉMONTRER RATIONNELLEMENT QUE LE PLAISIR EST LE SOUVERAIN BIEN.

Que la volupté soit le suprême bien, on peut aisément le démontrer. Supposons, par exemple, qu’un homme jouît continuellement de toutes sortes de voluptés, tant du corps que de l’esprit, sans qu’aucune douleur ni aucune crainte le troublât le moins du monde, pourrait-on s’imaginer un état plus heureux et plus désirable ? car il faudrait qu’un tel homme eût l’âme ferme, et qu’il ne craignît ni la mort ni la douleur : qu’il ne craignît point la mort, parce que c’est la privation de toute sensibilité ; qu’il ne craignît point