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Page:Cicéron - Des suprêmes biens et des suprêmes maux, traduction Guyau, 1875.djvu/65

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de nos désirs et de nos craintes est dans la volupté ou dans la douleur ; et, d’après ce principe, il est clair que tout ce qu’on fait de plus louable et de plus honnête, se fait par rapport à la volupté. Comme donc, selon tous les philosophes, le plus grand des biens est ce qui ne se rapporte à aucune autre chose, et à quoi toutes choses se rapportent comme à leur fin, il faut nécessairement avouer que le souverain bien est de vivre avec volupté.

CHAPITRE XIII.

LES VERTUS ONT LEUR FIN DANS LE PLAISIR.

PREMIÈRE VERTU : LA SAGESSE.

Ceux qui font consister le souverain bien dans la vertu, et qui, séduits par le seul éclat du nom, ne comprennent pas ce que la nature demande, se trouveraient délivrés d’une grande erreur s’ils voulaient croire Épicure. Pour vos vertus, qui sont si excellentes et si belles, qui pourrait les trouver belles et les désirer si elles ne produisaient pas la volupté ? Ce n’est point à cause de la médecine même qu’on estime la science de la médecine, mais à cause de la santé qu’elle procure ; et, dans un pilote, ce n’est point l’art de naviguer dont on fait cas, mais l’utilité qu’on en retire : il en est de même de la sagesse, qui est l’art de la vie ; si elle n’était bonne à rien, on n’en voudrait point ; on n’en veut que parce qu’elle nous procure l’acquisition et la jouissance de la volupté.