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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/113

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des états-unis, etc.

gés, des intérêts ou des prétentions ? La réforme de votre jurisprudence criminelle, et celle de vos tribunaux, est donc nécessaire au maintien du premier de vos droits, la sûreté. La liberté en est un autre ; or, jouit-on de la liberté partout où la loi interdit aux citoyens, sous peine d’amende, des actions indifférentes et un usage de leurs facultés, une disposition de leur propriété, qui n’est pas contraire au droit d’autrui ? Jugez d’après cela vos lois de commerce, vos jurandes défendues avec tant d’opiniâtreté par vos parlements, vos lois de police établies par eux, votre jurisprudence fiscale, etc.

La propriété est encore un droit naturel des hommes ; or, ce droit existe-t-il partout où il est attaqué par des impôts indirects, nécessairement répartis avec injustice, par une législation qui force un paysan d’Auvergne, de Poitou, de Lyonnais, à venir défendre dans la capitale le coin de terre qu’il cultive ? Ce droit existe-t-il, lorsqu’en vertu de cette distribution des tribunaux, toute propriété, au-dessous de ce que coûte un procès, n’est garantie qu’autant qu’elle ne vaut pas la peine d’être usurpée, et lorsque tout homme qui veut sacrifier un pauvre à sa vengeance est le maître de le ruiner ? La réforme de vos impôts et de vos tribunaux est donc nécessaire au maintien de vos droits de propriété.

L’égalité n’est pas moins un des droits naturels de l’humanité. Les hommes naissent égaux, et la société est faite pour empêcher que l’inégalité de force, la seule qui vienne de la nature, ne produise impunément des violences injustes. Toute inégalité qui, dans