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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/149

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sentiments d’un républicain

de quelques-unes que vos parlements ont privées de cet avantage ; vos provinces ont chacune un corps, qui peut devenir vraiment représentatif dans celles où existent les assemblées provinciales, puisqu’il suffirait d’en faire élire les membres, et qui, dans les autres, passe pour l’être même aux yeux du peuple ignorant et trompé. Ces corps peuvent être consultés sur la forme delà convocation des états ; la pluralité de leurs avis peut former une sorte de vœu national ; et s’ils ne se pressent pas trop de répondre, si les défenseurs des droits du peuple ont le temps et la liberté de les discuter, on peut espérer que ce vœu sera conforme à ses véritables intérêts. L’orgueil du pouvoir, cette pente vers l’aristocratie, véritable fléau de l’espèce humaine dans un siècle où les esprits flottent encore entre la lumière et les ténèbres, n’ont point corrompu les assemblées provinciales ; leur propre intérêt les engage autant que celui des citoyens à suivre, dans la formation de l’assemblée nationale, un plan qui unisse cette assemblée avec elles ; et comme elles sont en plus grand nombre que les anciens pays d’états, on peut d’avance présumer que le vœu de la pluralité ne sera point en faveur d’une forme trop aristocratique, et trop éloignée des mœurs et de l’esprit de notre siècle.

C’est au gouvernement, c’est à la sagesse qu’il a eue de s’appuyer du suffrage des assemblées provinciales, et d’écarter les réclamations des parlements en faveur des usages antiques, et leurs prétentions a partager le pouvoir législatif, que la nation devra la restauration dont elle a conçu l’espérance ; et c’est