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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/150

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sentiments d’un républicain

ce qui doit arriver dans toutes les monarchies européennes. Le despotisme ne peut plus y subsister longtemps ; et dans ces changements inévitables que la révolution des opinions doit amener, l’intérêt des souverains et du peuple est nécessairement le même, celui d’échapper au joug dont l’aristocratie les menace également. Différents ordres d’assemblées représentatives formeront toujours une constitution modérée, amie de l’ordre et de la paix : plus il y régnera d’égalité, plus ces avantages y seront sensibles. L’aristocratie, au contraire, est ambitieuse, turbulente. Jusqu’à ce qu’elle ait tout anéanti, et même le souvenir des droits des hommes, elle ne connaît point de repos ; ensuite c’est le repos de la mort, c’est celui de Venise.

Il ne me reste plus qu’à vous parler des prétentions de quelques-unes de vos provinces. Elles ne veulent plus faire partie de la monarchie française, mais devenir autant de républiques indépendantes. Cependant, protégées par le corps de la nation, défendues à ses dépens, partageant toutes les places, tous les avantages qui naissent delà réunion, elles n’en supporteront les charges qu’autant qu’elles le voudront. Admises dans les états généraux, elles consentent à faire partie de la France, mais à condition qu’elles restent maîtresses d’accepter ou de rejeter ce que ces états auraient réglé de concert avec le roi. Il est juste, ajoute-t-on, que ces provinces conservent des lois particulières, puisque, par leurs mœurs, leurs usages, leurs climats, elles diffèrent tant (hi reste de la France. D’ailleurs, les autres