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sentiments d’un républicain

vicieuse ; nous l’avons senti, et nous y avons remédié.

Il est encore évident que toutes ces provinces ont le plus grand intérêt à renoncera toute distinction, par la raison très-simple, que toute loi générale, uniforme pour un grand royaume, agréée par la généralité des députés de ses provinces, sera naturellement plus conforme à la raison et à la justice ; que les abus particuliers, résultant des usages de chaque pays, seront détruits plus sûrement, auront des juges plus éclairés, plus impartiaux ; que l’aristocratie particulière à chaque province deviendrait nulle devant une assemblée nationale ; que le peuple pourrait espérer d’y être défendu contre ces aristocraties, et d’en obtenir la destruction.

Il ne s’agit point, dans cette réunion, de renoncer à des franchises, mais de voir diminuer des privilèges, de voir réformer des usages abusifs. La distinction est facile à saisir : une franchise est un droit qui fait partie des droits naturels à l’homme, et qui n’est devenu un avantage particulier que par le malheur qu’ont eu d’autres hommes d’en être privés : un privilège, au contraire, est une violation du droit naturel. Or, tout ce que chaque provinces de franchises, en prenant ce mot dans ce sens, le seul raisonnable, doit être irrévocablement conservé ; mais une assemblée nationale, ayant nécessairement pour but de rétablir les citoyens dans leurs droits, ne peut former le projet de les enlever à une partie d’entre eux ; d’ailleurs, elles peuvent être l’objet d’une réserve particulière. Tels seraient, par exemple, l’exemption