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sentiments d’un républicain

de gabelle, la liberté de la chasse, le droit d’élection pour les places municipales, celui de n’être pas jugé par un tribunal étranger. Mais il serait absurde de mettre au rang des franchises, ni la conservation d’un tribunal où les charges soient vénales, ni le droit de ne payer que des impôts indirects, comme on prétend que l’a statué le roi René, qui n’a jamais passé pour se connaître en finance.

Il est donc de l’intérêt des provinces de se réunir à la monarchie, intimement et sans aucune réserve, et elles peuvent s’y réunir sans perdre leurs franchises ; enfin, réunies ou non, elles doivent contribuer, de la manière fixée par les états généraux, à la dépense commune de la nation, parce qu’il serait injuste que la nation payât pour elles.

Mais ces provinces ont-elles formé ce vœu pour une séparation ? L’ont-elles formé d’une manière réfléchie ? Ont-elles senti à quelles mains elles se livraient ? à quel esclavage leur noblesse, leur magistrature voulait les réduire ? Non sans doute. Ce serait seulement après qu’une assemblée vraiment représentative aurait été convoquée, que l’ordre aurait été rétabli dans la province, que l’autorité publique aurait mis les citoyens à l’abri de toutes les violences particulières, des séditions de la populace, de la proscription des corps ; qu’enfin, après une mûre délibération, on aurait voté pour cette séparation ; ce serait alors seulement qu’une province pourrait traiter avec la nation assemblée, sur les conditions de l’alliance qu’il faudrait conserver entre elles. Voilà ce que des hommes sages auraient proposé, s’il pou-