Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/170

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publique et à soutenir l’exécution des lois, des jugements, des actes du gouvernement. Cette loi existe en Angleterre : c’est une sage institution qu’il faut imiter, en se rappelant surtout qu’imiter n’est pas copier.

XIV.

Les gouvernements de l’Europe ont senti que l’impossibilité de faire la guerre longtemps avec les revenus ordinaires de l’État ou par des impositions extraordinaires, ne leur permettrait pas de se livrer à cette activité inquiète qui, depuis le XVe siècle, est devenue une maladie politique presque générale. On imagina d’abord, pour y suppléer, la vente des charges, des traités de finances portant l’aliénation à temps de certains droits, enfin des emprunts directs. Par ce moyen, on avait les capitaux à sa disposition, et les intérêts étaient payés par des impôts ou par des droits. La ressource des emprunts aurait été très-bornée, si l’on n’avait eu pour les remplir que les capitaux destinés à être placés dans ces emprunts, et surtout elle aurait été très-lente. Mais il se présentait deux ressources : l’une d’emprunter de compagnie de finances dont les membres se chargeaient alors d’avancer l’argent, ou se donnaient des soins pour en trouver dans leurs familles dans leur société, dans les gens d’affaires liés avec eux ; l’autre de vendre l’emprunt à des banquiers ou commerçants en argent, qui le revendaient ensuite ou en faisaient un objet de spéculation. Ces deux ressources s’achetaient ou par un intérêt plus fort, ou dans le pre-