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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/172

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mauvaises opérations pour s’y soustraire et finit par s’y soumettre. Celle de 1788 a eu la même cause.

Il n’est que deux moyens pour détruire ce despotisme, qui menace de devenir chaque jour plus dangereux et plus insupportable. Le premier est dans une législation qui, proscrivant toutes les formes vicieuses d’impôts et laissant une liberté entière au commerce, tarirait la source des grandes fortunes de finances et de banque, diminuerait les profits de ce dernier genre de commerce, et les diviserait en un plus grand nombre de mains. Le second est de changer la forme des emprunts, en chargeant, lorsqu’ils ont été consentis par la nation, ou l’assemblée qui la représente, ou celles qui représentent chaque province, de faire elles-mêmes l’emprunt dont elles payeraient les intérêts, qu’elles rembourseraient par des deniers laissés entre leurs mains, sans que la destination en pût être détournée ; de chercher, au lieu d’emprunts chers qui n’ont besoin que d’une demi confiance, des emprunts dont une confiance durable, alors bien fondée, et les avantages de leur forme, seraient la seule séduction ; de joindre à chaque emprunt l’énonciation du véritable taux de l’intérêt, et la preuve que les fonds assignés pour l’acquitter sont réellement suffisants ; de tenir toujours ouverts des emprunts à un taux inférieur à celui des anciens emprunts dont les fonds seront employés à les rembourser ; d’éviter soigneusement toutes les opérations de finances, tous les établissements qui produisent des mouvements d’actions, et par une suite nécessaire, des associations entre les gens d’affaires ;