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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/173

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de chercher enfin à dissiper les ténèbres dont ils ont couvert un petit art très peu compliqué, qui n’a d’importance et ne peut devenir dangereux qu’autant qu’il est peu connu.

XV.

Le despotisme de la populace est à craindre dans tous les États où il existe de grandes capitales et de grandes villes de commerce. Mais il est moins un despotisme en lui-même que l’agent d’un autre pouvoir, si on en excepte celui qu’exerce la populace, en forçant à taxer les denrées destinées à sa subsistance et à se conformer à ses préjugés dans les lois sur le commerce de ces denrées. Encore celui-là même n’existe-t-il que par l’utilité qu’espèrent en tirer quelques-uns des autres pouvoirs despotiques qui pèsent sur une nation, ou les différents partis qui partagent ces pouvoirs. Dans les autres circonstances, la populace n’emploie son despotisme que pour soutenir des préjugés religieux, pour maintenir l’autorité de certains corps particuliers qu’elle a pris sous sa protection, ou dont l’existence enrichit une telle ville, pour défendre certaines opinions populaires utiles à quelques classes de citoyens et nuisibles au reste ; enfin, par humeur contre des hommes puissants qu’on a su lui rendre odieux. Quelque dangereux que soit ce despotisme, on ne voit nulle part les autres pouvoirs se concerter pour le détruire ; c’est une ressource que ceux qui sont les plus faibles veulent se ménager. En Angleterre,