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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/179

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qui lui sont subordonnés par la nature de cette fonction, n’est pas contraire au droit naturel, parce qu’elle dérive de la nécessité que certains hommes exercent cette autorité, et que d’autres y obéissent. Mais cette supériorité devient contraire au droit, si on la rend héréditaire, si elle s’étend au-delà de ce qui est nécessaire pour que ces fonctions soient bien exercées. Le droit d’égalité n’est pas blessé, si les propriétaires seuls jouissent du droit de cité, parce qu’eux seuls possèdent le territoire, parce que leur consentement seul donne le droit d’y habiter ; mais il est blessé, si le droit de cité est partagé inégalement entre différentes classes de propriétaires, parce qu’une telle distinction ne naît pas de la nature des choses.

XX.

Les droits naturels de l’homme sont connus en général de tous ceux qui ont l’esprit droit et l’âme élevée, mais peu de gens en embrassent toute l’étendue ; peu se sont élevés à une assez grande hauteur pour apercevoir toutes les conséquences de ces droits.

Une déclaration des droits, bien complète, serait un ouvrage utile au genre humain ; mais on ne trouverait peut-être pas un seul peuple, même parmi ceux qui haïssent le plus la tyrannie, auquel on pût la faire adopter tout entière, tant l’habitude a familiarisé l’homme avec ses chaînes.