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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/430

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pluralité des Citoyens n’est pas assez éclairée pour juger un plan de Constitution, puisque pour le juger, il faudrait connaître les motifs de chaque disposition, et en peser les conséquences ; et que les idées nécessaires pour juger ces motifs, pour connaître ces conséquences manquent à la pluralité des Citoyens. La ratification immédiate ne serait donc pas réelle, la Nation paraîtrait avoir exercé un droit, et elle ne l’aurait pas exercé. Qui l’exercerait donc alors ? ce seraient ceux qui dans chaque Assemblée générale de Citoyens auraient sur les esprits l’autorité momentanée que leur donneraient leur éloquence, leur réputation, leur considération personnelle ! La question est donc de savoir, s’il est plus utile pour la Nation de remettre son droit à des hommes choisis par elle exprès pour l’exercer ou de le laisser saisir par ceux qui auront l’art de s’en emparer.

VII.

Si une grande Nation se réservait le pouvoir d’accepter immédiatement la constitution, elle ne pourrait en faire usage de manière à obtenir une décision. En France, par exemple, comment environ quarante mille assemblées exprimeraient-elles un vœu sur un plan nécessairement assez compliqué ? Leur proposera-t-on seulement de dire sur la totalité du plan j’accepte ou je refuse. Alors, si par malheur le refus avait la pluralité, il faudrait que la convention chargée de faire la Constitution cherchât dans les mémoires qui contiendraient les mo-