Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/445

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deux à chaque village, et il serait très raisonnable de n’en donner que deux ou trois à une Communauté de quatre, de cinq villages. Les Assemblées qui nommeraient les Députés à l’Assemblée Nationale pourraient donc être moins nombreux, et seraient plus éclairées.

II.

Autant ce qu’on appelle dans les constitutions, balance, équilibre de pouvoirs, me paraît une idée chimérique, et même dangereuse, autant il me paraît nécessaire d’établir une égalité suffisante entre les diverses divisions d’un État. Cette égalité est surtout nécessaire entre les divisions voisines, parce qu’elles peuvent agir l’une sur l’autre par leur force ; elle l’est plus encore à l’égard des divisions qu’on peut appeler naturelles, c’est-à-dire, qui ne sont pas l’ouvrage des institutions politiques : telle est une ville dont les habitants forment naturellement une Communauté, parce qu’ils ont un même intérêt, et que cet intérêt, du moins en apparence, n’est pas le même que celui d’une province qui formerait en quelque sorte un corps de Nation particulier.

Or 1o , il n’y a aucune égalité réelle entre une ville même assez petite et un village. Tous les agents du pouvoir local résident dans la ville, elle est l’entrepôt du commerce, le séjour de l’industrie, elle renferme des habitants riches qui ont reçu de l’éducation, qui sont accoutumés aux affaires, qui ont du