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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/448

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qu’il n’existe qu’un seul impôt juste, celui qui est levé directement sur les terres proportionnellement à leur produit net, et alors il n’est pas à désirer que ceux qui n’ont aucun intérêt direct à la quotité et à la législation de l’impôt exercent la plus grande influence sur les lois qui en règlent la perception, sur les actes qui en fixent le montant ; ou bien les impôts indirects subsisteront, et alors les Villes et les Campagnes peuvent avoir ou se croire des intérêts opposés. Sans doute, en effet, l’intérêt réel de la pluralité des Citoyens des Villes n’est pas contraire à celui des habitants des Campagnes ; mais il est souvent plus difficile de tromper d’un faux intérêt injuste. Toutes les fois que les hommes peuvent sans obstacle se conduire d’après ce qu’ils croient leur intérêt, la force de l’habitude, et celle de la paresse, leur permettent rarement d’examiner s’il est bien fondé. Ils craignent tout changement, dont l’effet leur paraît incertain, et cette idée se mêlant au préjugé, lui donne un pouvoir qu’il n’aurait pas sans elle. Mais, du moment où pour ne rien changer, il faut discuter ou agir, le préjugé s’affaiblit, parce qu’on vient nécessairement à comparer les avantages de ce qui existe, et la peine qu’il doit en coûter pour le conserver.

Cet établissement en faveur des Campagnes est nécessaire à l’exercice de la liberté de penser et au progrès des lumières. La loi la plus positive en faveur de la liberté de la presse, sera nulle pour toutes les questions où ceux qui soutiendraient certaines opinions seront exposés à quelques désagréments ou