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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/392

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NOUVELLES LITTÉRAIRES

Français, mal imités par vos voisins jaloux,
Je rends grâces aux dieux d’être né parmi vous.

M. Fréron, qui depuis quelque temps rend compte au public des ouvrages nouveaux, a attaqué avec un acharnement tout à fait odieux M. Marmontel, l’espérance de notre théâtre tragique. Celui-ci, lassé des traits du critique, l’a fait sortir de la Comédie pour se battre contre lui. On les a séparés, mais non réconciliés. Quelques plaisants ont lâché à cette occasion deux ou trois épigrammes où l’on attaque la santé de Mlle Clairon, actrice qui n’a pas la réputation d’être sage, et un certain goût tant de fois reproché aux jésuites, anciens confrères de Fréron :

Du Parnasse odieux aspic,
Si pour éviter tes outrages
Il faut approuver tes ouvrages,
Envoie un cartel au public.



Du théâtre ennuyeux insecte,
Sorti du bidet d’Alecton,
Pour avoir combattu Fréron
Tu crois en vain qu’on te respecte :
Ta valeur est aussi suspecte
Que la santé de la Clairon.



Contre un apostat des jésuites,
Reptile du sacré vallon,
Marmontel, en vain tu t’irrites ;
Redoute encore son aiguillon.
La blessure en est meurtrière :
Tu dois tout craindre de Fréron :
Il peut t’attaquer par derrière.

L’épigramme suivante sera une preuve de mon exactitude à vous envoyer tous les vers qui courent. On l’attribue à M. Fréron, et elle est fort répandue :

J’errais un jour dans la forêt voisine
Du grand chemin qui conduit à Senlis :
J’entends crier : « Au meurtre ! on m’assassine ! »
Je vole au lieu d’où s’élançaient les cris.