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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/434

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NOUVELLES LITTÉRAIRES

qu’on a conçus des bontés de monseigneur pour elle. La marquise est frappée de ses traits, du son de sa voix, s’attendrit sur son sort et ordonne qu’on lui donne une de ses plus belles robes. La fermière, qui survient, est étourdie de la situation, verse un torrent de larmes et fait entendre à part qu’elle est la cause du malheur de Babet. Lisette, qui n’y comprend rien, sort pour aller habiller Babet. Guéreau, qui a reçu l’argent que la fermière lui apportait, vient lui en donner quittance. La fermière, qui est fort à son aise, voudrait se remarier et l’épouser pour le consoler du refus de Babet. M. l’intendant paraît offensé de sa proposition et la renvoie. Cette scène a paru comique à ceux qui veulent rire malgré l’auteur. Guéreau, plus inquiet que jamais, finit le troisième acte par un monologue dans lequel il prend la résolution d’emporter tout l’argent qu’il a à son maître. Le quatrième acte commence par une entrevue entre le comte et Babet bien parée. Le comte, qui ne pense plus à Julie, se passionne et presse vivement Babet de répondre à son ardeur. Babet lui marque en apparence de la froideur et lui représente l’inégalité de leurs conditions. Elle l’exhorte à ne pas rompre son premier engagement : « Votre fortune en dépend, lui dit-elle, vivez heureux, séparons-nous ; je ne suis déjà que trop à plaindre, et quels reproches ne me ferait-on pas si je nuisais encore à votre établissement ? » Le comte la quitte à l’arrivée de la fermière, que Julie a fait demander. Elle est surprise de ne la point trouver et de voir Babet si belle et si bien ajustée. Elle soupire, elle s’agite, elle sanglote. « Vous suis-je désagréable, ma bonne ? lui dit Babet. — Non, ma chère enfant, lui répond-elle, je suis folle de toi, mais j’aperçois Julie, laisse-nous. » La fermière à l’aspect de Julie recommence ses sanglots et ses soupirs, Julie lui dit qu’elle a d’étranges secrets à lui communiquer ; nouvelle inquiétude de la part de sa nourrice. « Qu’y a-t-il donc ? qu’avez-vous fait ? s’écrie-t-elle. — Hélas, reprend Julie, je m’ennuie ici ; l’éclat où je suis et dans lequel on veut que je continue de vivre me fatigue. Je n’ai aucun goût pour le comte et j’ai fait un autre choix. — Qu’est-ce à dire, réplique la fermière, il faut que vous l’aimiez. » Alors Julie embrasse les genoux de sa nourrice et lui fait un récit exact de ce qui s’est passé entre elle et Guéreau, en la conjurant de leur donner asile jusqu’à ce qu’ils aient pris des mesures pour passer en