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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/443

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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

« Tu me demanderas sans doute si les Françaises sont belles ; on peut croire que non, mais il est impossible de sentir qu’elles ne le sont pas. Sans les avoir vues, on peut peindre la beauté, jamais les grâces.

« La Comédie est un lieu où les Français s’assemblent à une certaine heure pour y pleurer sur la triste destinée de quelques héros qu’ils n’ont jamais vus ni connus, et pour y rire des défauts, des faiblesses, des vices et des ridicules de leurs parents, de leurs amis, et des personnes avec qui ils vivent tous les jours.

« S’il était permis à Paris d’avoir plusieurs femmes, elles y seraient peut-être aussi captives qu’en Turquie ; mais comme un Français ne peut en avoir qu’une, il ne la cache pas, de peur que son voisin ne cache aussi la sienne. »

M. de Voltaire, qui est philosophe et qui a attaqué le préjugé qui attribuait au cardinal de Richelieu le testament qui porte son nom, ne pouvait point manquer d’être en proie à la satire. Piron lui a porté le premier coup par l’épigramme suivante :


Qui s’inscrivit en faux, sans craindre l’anathème,
Qui s’iContre le testament de Dieu
Qui s’iPouvait bien s’inscrire de même
Qui s’iContre celui de Richelieu.

M. Deslandes qui, à la réserve de son Histoire critique de la philosophie, n’a rien donné que de fort médiocre, vient de publier un second volume des différents traités de physique et d’histoire naturelle[1]. Parmi les dissertations qu’il y a fait entrer, j’ai lu avec plaisir celles qui regardent l’artillerie, la pêche des baleines, la construction des vaisseaux, le nombre d’hommes qui sont actuellement sur la terre. Le fond de cet ouvrage, tiré en grande partie des livres anglais, était susceptible d’une meilleure forme. M. Deslandes néglige trop son style, il emploie trop souvent des expressions impropres ou peu de correction et il prend un ton trop dogmatique. Cependant on lit avec quelque agrément ses dissertations, parce

  1. Le premier avait paru en 1748. Voir p. 169.