Page:Cosquin - Les Contes indiens et l’Occident, 1922.djvu/18

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de suite après, tu resteras trois jours à le guetter. S’il tarde à reparaître tant soit peu, tu es sûr de revenir le jour même. »

Il lui fit ses adieux ; et, emportant des provisions, en toute hâte, il gagna le rivage de la mer. Il poussa trois cris. Le nègre sortit de l’eau, prit le billet et plongea. Il reparut aussitôt et lui fit signe d’attendre. Il s’accroupit. Soudain il vit une tente royale se dresser d’elle-même. Il y pénétra ; sur-le-champ un guéridon chargé de mets se trouva devant lui. Il s’entretenait en lui-même de la beauté du lieu, lorsqu’il entendit une voix sortir d’un coin de la tente. « Tout cela est peu pour un homme qui a sauvé la fille de notre roi et qui a partagé en deux celui dont aucun magicien ne pouvait venir à bout. Ta félicité ne fera que croître dans l’avenir. » Le fils du marchand sortit, mais il ne vit personne.

Le troisième jour, comme il regardait du côté de la mer, il aperçut au large une troupe de gens au milieu desquels une litière portée par une chamelle brillait de loin. Ils s’approchèrent et un nègre s’avança vers lui : « Seigneur, les biens de l’Orient viendront à toi, les biens de l’Occident viendront à toi. Voici Perle, la fille du premier vizir, que nous t’amenons. Elle est entre tes mains. Dix servantes l’accompagnent, ainsi que dix chanteuses et deux nègres. Ils sont à toi en considération d’une autre personne que toi. » La tente avait disparu. « Suis ton chemin, lui dit le nègre. Tu nous retrouveras dans ta demeure, auprès de Rubis. »

Quand il y arriva, un concert d’instruments se faisait entendre. Perle, la fille du vizir, trônait comme le font les mariées avant la première nuit de leurs noces. « Entre à l’étuve, dit Rubis au fils du marchand, et change de vêtements. Cette jeune mariée t’a été offerte en cadeau. » Il se rendit à l’étuve que contenait son château, et se changea. 11 entra en marié cette nuit-là auprès de Perle.

Trois jours après, il dit à Rubis : « Et le collier de perles que le roi m’a ordonné de lui apporter ? — Écoute, lui répondit-elle. Je vais appeler Perle en ta présence. Je la rudoierai, je l’insulterai. Tu te garderas de souffler mot. » Elle la fit venir. Elle la gourmanda, elle l’outragea. Perle ne pleura point. Alors Rubis la souffleta. Elle tenait à la main une tasse en or. Perle se mit à pleurer et Rubis reçut ses larmes dans la tasse. Quand les pleurs s’arrêtèrent, la tasse contenait un collier de perles toutes montées. « Va le porter au Sultan, » dit Rubis. Et elle consola Perle par de douces paroles.

« Je Vais te récompenser, dit le Sultan. — Non, Seigneur, c’est un présent. » Il apporta le collier à sa fille. « Maintenant, j’impose