sang et aux cheveux aussi noirs que ce corbeau ! je donnerais pour
l’avoir tous mes douze fils ! » Aussitôt une vieille femme lui apparaît
et lui dit : « C’est un souhait criminel que vous avez fait, et, pour
vous punir, il vous sera accordé. Vous aurez une fille comme vous la
désirez ; mais, le jour même de sa naissance, vous perdrez tous vos
autres enfants. »
En effet, ce jour-là, les douze princes, sont transformés en oies sauvages et s’envolent bien loin. Quand leur petite sœur aura grandi, elle se mettra à leur recherche et parviendra à les délivrer de l’enchantement qui les a métamorphosés (Voir, pour cette partie du conte, Monographie B, Section II, § 4, III et IIIb).
Dans toutes les variantes dont il nous reste à parler, ce qui teindra la neige en rouge, ce ne sera plus le sang d’un animal, ce sera du sang humain, le propre sang de celui ou de celle dont la combinaison des couleurs attirera l’attention.
Dans un conte italien de Spolète[1], un prince n’a jamais pu trouver une femme à son goût. Un jour d’hiver, pendant qu’il taille un morceau de bois avec un petit couteau, il s’en donne un coup dans la main, et le sang dégoutte sur la neige. Alors s’allume en lui un ardent désir de trouver, pour l’épouser, une jeune fille blanche comme la neige et rouge comme le sang. — Le corps du récit est une variante du thème des Trois Citrons (Sur ce thème, voir Monographie B, Revue, septembre 1913, pp. 386-397 ; — tiré à part, pp. 72-83).
Dans un conte catalan[2], un prince, qui s’est mis à la fenêtre pour voir tomber la neige, se fait aussi une blessure à la main en jouant avec un petit couteau. Une goutte de sang ayant coulé sur la neige : « Je ne me marierai pas, dit le prince, à moins que je ne trouve une jeune fille qui s’appelle Sang-et-Neige (Sanch-y-neu). » Le prince finit par entendre appeler de ce nom une jeune fille, pauvre orpheline errante, qu’une vieille a recueillie, blessée par les