Page:Couturat - Le principes des mathématiques, La Philosophie des mathématiques de Kant (1905) reprint 1980.djvu/263

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aux phénomènes du sens interne et à leurs lois », parce que « cette extension de la connaissance, comparée à celle que la mathématique procure à la théorie des corps, serait à peu près ce qu’est la théorie des propriétés de la ligne droite à la géométrie tout entière ; car l’intuition pure interne… est le temps, qui n’a qu’une seule dimension ». Ainsi la mathématique du temps n’existe pour ainsi dire pas, ou se réduit à très peu de chose, à ce que Kant appelle (ibid.) « la loi de continuité dans l’écoulement des modifications du sens interne ». On voit qu’il n’est pas question ici d’Arithmétique, et encore moins de Mécanique. A travers toutes ces fluctuations, il n’y a qu’un point fixe : c’est la correspondance de la Géométrie à l’espace. Mais Kant hésite sur la science dont le temps est le fondement. Celle-ci est tantôt l’Arithmétique, conformément à la théorie du schématisme, et tantôt la Mécanique, conformément au bon sens. Mais bientôt Kant s’aperçoit que la Mécanique repose sur l’espace aussi bien que sur le temps, ou bien qu’elle implique une donnée empirique (la matière, sujet du mouvement), et alors il revient à la conception de l’Arithmétique comme science pure du temps, bien qu’elle ne le satisfasse pas. Mais il y est en quelque sorte acculé par la logique de son système. Quoi qu’il en soit, nous nous en tiendrons à la division indiquée dans l’Introduction : nous ne considérerons comme mathématiques pures que l’Arithmétique (avec l’Algèbre et l’Analyse) d’une part, et la Géométrie d’autre part ; et nous examinerons tour à tour les propositions de ces deux sciences pour rechercher leur caractère synthétique ou analytique.