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VIII



Le succès des Fleurs du mal valut à Baudelaire une récompense qui, pour tout autre, eût été douce entre les plus douces : l’amour d’une femme qu’il pouvait aimer.

Mme  Sabatier, — il n’y a point lieu de garder ici l’anonyme à l’héroïne de ce roman, qui, par sa vie, s’était mise ouvertement en marge de la stricte société, et que d’autres, d’ailleurs, ont nommée avant nous, — réunissait en elle tout ce qu’il faut pour attirer et retenir l’homme le plus raffiné. Les mémoires contemporains nous ont souvent entretenus du salon artistique de la rue Frochot et de sa charmante hôtesse [1].

  1. V. notamment le Journal des Goncourt, passim.

    Théophile Gautier, par Ernest Feydeau. L’auteur s’est particulièrement étendu sur les paradoxes outrés dont Baudelaire s’appliquait à étonner les familiers de la rue Frochot, et il ne se montre pas indulgent pour notre poète. Mais il faut se souvenir, pour apprécier sainement ce témoignage, du jugement que Baudelaire, de son côté, a porté sur Feydeau dans ses Lettres, et de l’animosité que déguisait mal leur camaraderie.

    V. encore la Vie amoureuse de Charles Baudelaire, par M. Féli Gautier (Mercure de France, janvier 1903), et le