Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/157

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Dans l’appartement de la rue Beautreillis, Baudelaire habitait avec Jeanne Du val. Il ne tarda pas à le quitter, pour aller occuper, à Neuilly, un domicile dont l’indication précise ne se trouve pas dans sa correspondance. Mais il n’y resta que peu de temps ; nous avons dit plus haut quel triste motif l’obligea de renoncer à la vie commune. On ne peut trop louer, en cette circonstance comme en beaucoup d’autres, le sentiment de dignité que le poète gardait au milieu des cruelles gênes de sa vie.

C’est en quittant Neuilly qu’il vint se loger à l’hôtel de Dieppe, rue d’Amsterdam, 22. Il y occupait une chambre des plus modestes qu’il garda jusqu’à son départ pour la Belgique. Le tapage incessant de la rue d’Amsterdam est de nature à troubler le recueillement

un pied-à terre, où nous ne devions passer que trois mois de l’année. Je n’ai que trois chambres à coucher : celle du général, la mienne, celle de Charles. Dans la solitude absolue où je vis, je n’ai aucun plaisir à vous offrir, mes amis ; mais vous aurez sous les yeux une vue splendide. La position de ma chaumière est admirable. Je ne crains pas de vous la vanter à l’avance ; c’est une vue exceptionnelle. » M’ ne Aupick a vécu heureuse dans cette paisible retraite, pendant de longues années. Grâce à la simplicité de ses goûts, elle put se résigner au train de vie fort modeste qui succédait à la large existence qu’elle avait menée jusqu’en i85^ (époque de la mort de son mari), comme femme d’un général de division et d’un ambassadeur. Avec des ressources exiguës, — cinq mille francs de rente au plus, — une rigoureuse économie lui permettait de r parfois les dettes de son tils, quand le sacrifice devenait inévitable, et de bien recevoir les amis qui venaient la visiter.