Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/281

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irréalisable, étant l’ami du duc d’Orléans. Mais quelle stupéfaction pour nous, quand Charles s’est refusé à tout ce qu’on voulait faire pour lui, a voulu voler de ses propres ailes, et être auteur ! Quel désenchantement dans notre vie d’intérieur si heureuse jusque-là ! Quel chagrin ! .Nous avons eu alors la pensée, pour donner un autre cours à ses idées, et surtout pour rompre quelques relations mauvaises, de le faire voyager.

» Le général, qui était d’un port de mer, qui aimait la mer de passion, qui, à l’âge où était Charles, aurait été enchanté de naviguer, a pensé qu’un voyage par mer était préférable à un voyage par terre. Il a pu se tromper, mais il était pénétré des meilleures intentions pour mon fils. Celui-ci aurait préféré rester sans nul doute ; mais, sans témoigner de répugnance, il s’est laissé faire. C’est ainsi que, par l’entremise d’un ami, que nous avions à Bordeaux, Charles a été confié aux soins du capitaine Saur, homme honorable, gai et de beaucoup d’esprit, qui devait plaire à Charles et qui, effectivement, lui a plu. Ce capitaine parlait pour Calcutta, il devait aller plus loin ; le voyage devait durer dix-huit mois. Ils se sont embarqués fin de mai 18/n, Charles avait vingt ans. Au bout de très peu de temps, Charles est tombé dans dc> tristesses qui inquiétaient le capitaine, qui faisait Ions ses efforts pour le distraire’, sans pouvoir y parvenir ; il vivait dans un isoement complet, ne frayant pas avec les passagers, ommeir.anls pour la plupart et, officiers. S’il parlait,

n’était qnc pour émettre le désir de retourner en France.

» Un événement terrible de mer, tel que le capitaine