je laissai mon nom à votre demeure sans que j’aie eu de vous la moindre nouvelle, je puis croire que vous avez quelque raison de rompre avec moi. Je ne vous ai pas rappelé votre promesse de me faire un article de journal, parce qu’à vous dire franchement, j’avais la certitude que vous pouviez beaucoup mieux employer votre temps et votre habileté littéraire. Mes gravures sont à peu près connues de toutes les personnes qu’elles peuvent intéresser et on en a déjà dit plutôt trop de bien. Quant à ce qui est de l’interruption de nos relations qui n’ont été que de bien peu de durée et peu importantes, je l’admets sans mot dire si tel est votre désir et je n’en conserverai pas moins le souvenir de l’éminent service que vous m’avez rendu en venant me voir, en vous occupant de moi à un moment où j’étais bien délaissé (i).
» J’ai fait tenir à M. La\ieille, que j’ai eu l’avantage de rencontrer une fois auprès de vous, la suite de mes vues réparées, un peu modifiées ; il vous les a peut-être montrées. J’ai eu de la peine à m’en procurer 10 cahiers (l’imprimeur étant alors fort occupé), que j’ai écoulés assez rapidement. Il ne m’en reste plus et j’ai détruit le « Petit-Pont », que je me propose de graver de nouveau, après lui avoir fait enfin d’assez importantes corrections.
(i) La froideur dont s’étonne Méryon était motivée par ce fait que le malheureux graveur donnait des signes manifestes d’aliénation mentale. Le poète ne lui en continuait pas moins ses bons offices d’ailleurs ; mais il éloignait des visites et des entretiens parfois gênants (Y. plutôt la lettre de Baudelaire à P. —Malassis, 8 janvier 1860).