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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

et m’établir auprès de ma tante, la Baronne de Breteuil, parce que la Marquise de Froulay, ma grand’mère, passait sa vie sur la route de Paris à Versailles. Il ajouta qu’elle aurait pourtant la bonté de prendre son temps pour me présenter dans certaines maisons ; ensuite il me recommanda d’avoir à m’observer soigneusement devant MM. de Breteuil, parce que c’était une famille extrêmement susceptible sur tout ce qui pouvait être dit contre la noblesse de robe. Mon père me fit servir une panade aux confitures, et nous voilà partis pour l’hôtel de Breteuil, qui donnait et qui donne encore aujourd’hui sur le jardin des Tuileries ; situation qui me parut tellement ravissante que j’en éclatai de joie, ce qui fit dire que j’étais naturelle au possible. Cette jolie maison n’est composée, comme vous savez, que de huit à neuf pièces à chaque étage, mais toutes les chambres y sont décorées et dorées avec un luxe miraculeux, et voici comment les appartenons s’y trouvaient répartis entre les Breteuil. La Marquise de Breteuil-Sainte-Croix occupait le rez-de-chaussée dont elle avait réservé deux ou trois pièces pour sa mère, la Maréchale de Thomond, laquelle était Surintendante de la Reine d’Angleterre et sœur aînée de la Maréchale de Berwyck. La mère et la fille avaient un magnifique logement dans le château neuf de Saint-Germain, et celui qu’on leur donnait à l’hôtel de Breteuil n’était censé qu’un bâton de juchoir à Paris. Ma tante la Baronne (de Breteuil-Preuilly) habitait le premier étage de son hôtel avec son mari, dont la bibliothèque avait usurpé trois salles. Le second n’était