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SOUVENIRS

pagnie. Saint-Germain s’était informé des personnages qui devaient y souper ; il s’arrête au nom de Chastellux de préférence ; il s’informe, il recherche, il feuillette, il eut bientôt fait son thème, et dès qu’il entendit annoncer le Comte de Chastellux, il se précipita pour lui demander s’il n’était pas le petit-fils du Maréchal de Chastellux, qui était Gouverneur-Général de la Normandie au quatorzième siècle. — Mais, Monsieur, je m’en flatte, et je crois bien qu’il était notre aïeul au septième degré. Votre illustre septaïeül était un héros, Monsieur ! un héros dont le Roi paya la rançon deux mille deux cent cinquante livres en quatorze cent dix-huit ! et je me souviendrai toute ma vie de l’avoir vu prendre séance au chœur de la cathédrale d’Auxerre, en qualité de Protecteur Avoué du chapitre et de Chanoine d’honneur. C’est à telles enseignes qu’il avait un surplis par-dessus sa cuirasse, une aumusse au bras et son bâton de Maréchal de France à la main ! Et sa vénérable mère, Alix de Bourbon-Montpeyroux, qui était la cousine-germaine de son père ? — Oui, Monsieur, ce digne Maréchal, votre ancêtre, était mon ami très intime ; et j’aimais son fils aîné comme la prunelle de mes yeux ! Vous savez ? son fils aîné, Jean III de Beauvoir, Sire de Chastellux et Vicomte d’Avalon, qui avait épousé la fille du Seigneur d’Aulnay ; je la vois d’ici et je vous proteste que c’était une charmante personne en 1493 !… Il n’avait qu’un défaut, le jeune homme, il était panier-percé comme un reître, et quand il avait joué du hautbois dans vos forêts de Coulanges et de Baserne, son père en était furieux contre lui ! — C’est qu’il