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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

était serré, le vieux Maréchal ! et je me souviens qu’un jour de Pâques, il ne voulut jamais laisser décarêmer sa famille et ses gens, parce qu’il était resté dans ses cuisines un excédant à la provision de poissons qu’il avait fait pêcher pour la semaine sainte.

— Permettez-moi, Monsieur, de vous faire observer que vous confondez le grand-père avec le petit-fils, lui répondit M. de Chastellux d’un air de politesse noble et du plus beau sang-froid possible. Le Maréchal était magnifiquement généreux, et c’était Philippe II de Chastellux, son petit-fils, qui passait pour être… économe. Là-dessus, dissertation chronologique, citations réciproques, emportement de la part de l’aventurier et discussion toute à l’avantage du Comte de Chastellux et de la libéralité du Maréchal, son grand-père. On envoya chercher deux vieux livres dans la bibliothèque, et l’on produisit les autorités suivantes :

N°1. « Le Marcschalde Beauvoyr
« Aura mangé nostre avoyne
« Advant qu’il ne puysse avoÿr
« Assez d’escus par semaine,
« Comme il débvrait recevoyr
« Pour user à son vouloyr
« Et jecter à la centaine. »

N° 2. « Chastellus donne à déjeusner
« À six, pour moins d’un Carolus,
« Mais Chastellot donne à disner
« À huict, pour moins que Chastellus.
« À prêts tels repats dissolus.,
« Chasqu’un s’en restourne fallot ;
« Quy me perdra chez Chastellus
« Ne me cherche chez Chastellot !